dimanche 22 novembre 2009

Roulé à l’abricot pour faire venir les mots


Comptine pour traire la cervelle


Le roulé de Danièle
m’a redonné des ailes

juste deux trois rondelles
et je suis hirondelle

le roulé de Danièle
m’a fait la courte échelle

comme un petit mot d'elle
enfin une étincelle

le roulé de Danièle
revoilà les voyelles

et les consonnes aussi
et bien ça y est, j’écris !


Sigrid de Beauregard (ça fait chic's, hein ?)


Premier chapitre du roman, étalé sur un fond de confiture.
Merci le glucose : glück et -ose, un peu de chance et de l'audace ?

samedi 21 novembre 2009

Bulle en kit

Un des enjeux de la résidence : réussir à réinvestir l'espace, le faire sien et retisser le cocon indispensable à toute création. Comme une araignée, je tisse, recompose, je tapisse jour après jour cette nouvelle bulle en kit.
Aujourd'hui, après la Fête du Livre, j'ai enfin réussi à avancer mon projet de roman, à dose homéopathique. Quelques phrases arrachées. La fatigue sert parfois aussi de terreau...

Montbrison des livres : une vraie fête

Atypique dans sa genèse (créée par un centre social avec le CRILJ Loire), dans son énergie (un travail sur le terrain impressionnant), dans ses acteurs (une équipe de bénévoles à l'efficacité et à l'enthousiasme contagieux), et dans ses choix d'invités (découvertes, auteur-illustrateurs audacieux, l'association suit ses envies et passions sans céder à la facilité), la Fête du Livre de Montbrison est une sorte d'OLNI, Objet de Lecture Nécessaire et Inhabituel dans le paysage du livre jeunesse. En tant qu'auteur, il est toujours très vivifiant de croiser de telles manifestations, qui ne suivent pas la dictature des têtes de gondoles...

vendredi 20 novembre 2009

Mots précieux

Fête du Livre de Montbrison, école de Précieux.

Ils sont en petite section de maternelle et m'attendent, assis en U sur trois bancs.
Je leur montre un cahier tapissé de collages, qui m'a servi à trouver les idées du petit roman policier Panique sur la rivière, il y a quelques années. Ils contemplent les pages couvertes de fragments d'images hétéroclites et multicolores.
- Vous savez comment ça s'appelle, ça ? je questionne.
- Un chantier ! me répond Yaël, en haussant les épaules.

Plus tard, je leur raconte La dent de gazelle, une histoire qui évoque un petit garçon qui perd sa dent de lait dans le bac à sable. En petite section, ils n'ont pas encore de dent de lait, (hups, bien sûr...) alors je leur demande :
- Vous avez sûrement un grand frère ou une grande soeur qui a perdu une dent, non ?
Les Oui ! Oui ! fusent. Joyeux brouhaha autour du rituel de la petite souris.
- Moi j'ai une frère, me dit Yaël, il a perdu sa dent et il l'a mise dans une boîte !
Je continue mon récit. Dans l'album, Azur, le personnage principal de l'histoire, est attendu par son grand-frère à la sortie de l'école.
Voilà mon Yaël reparti à me parler de son frère.
Je sens que l'institutrice piaffe.
- M'enfin, Yaël, finit-elle par lâcher, tu n'as pas de frère ! Tu as une soeur !
Yaël sourit, mi-figue, mi-raisin. Il est quand même déçu. S'il s'est inventé un frère, il doit y avoir une raison...
Alors je lui lance :
- Eh bien tu vois, tu as tout compris au travail de l'écrivain. Moi aussi, je passe ma vie à inventer des personnages imaginaires !

La jolie façon condor


école de Moingt


J'ai envoyé la veille une petite synthèse des phrases des enfants à Bertrand, un tri léger, une première ébauche de structure du conte.
Les enfants l'ont lue avec leur instituteur et ont dessiné leur vision personnelle de la machine à recycler la cervelle sur de grandes feuilles Canson. Stoïques, ils me décrivent des machines implacables qui ouvrent le crâne comme une simple boîte de conserve, aspirent, jettent, trient, nettoient et remplacent la cervelle à l'aide de pinces et chaises électriques surmontées de bras métalliques...

Ils ont aussi réfléchi à "la tête comme une boîte aux lettres".
Une tête pleine de colis, de pubs, de factures, d'impôts... Une tête pleine de lettres, de A, de B, de C, un pesant alphabet, une tête pleine de mots. Melkar voudrait des chèques-cadeaux, des voyages gratuits, des lettres d'amis.

Les enfants sont las, nerveux.
L'après-midi est souvent plus difficile.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
- On dort, je dis, divisant la classe en deux d'un geste de la main.
Murmures dans l'assistance.
- Choisissez un copain ou une copine qui dort, et décrivez-le (la) plus précisément possible avec vos mots, je lance. Vous pouvez aussi imaginer à quoi il ou elle rêve...

Sans hésiter, les uns posent en dormeurs, les autres écrivent. Ils s'y prêtent avec un réalisme convaincant. Quelques-uns s'assoupissent un peu.

Un auteur est avant tout un observateur. Les enfants ont d'ordinaire du mal à décrire avec précision un corps, un visage, une attitude, une posture. Là, l'exercice confronte l'intime au scalpel des mots, la quiétude de la sphère privée au regard de l'autre.
Les enfants-dormeurs ont l'aplomb de ne pas esquiver l'affaissement, la mimique. Ils sont natures, ou presque, ils acceptent le jeu.
Les enfants-écrivant s'appliquent, se livrent avec une jubilation tranquille à l'analyse. Parfois, ils se lèvent, s'approchent comme un peintre scrute son modèle. Leurs mots sont précis, recherchés, choisis. Ils sonnent déjà comme des esquisses de poèmes. Recroquevillé, paupières, courbé, détendu, arrondi, ébouriffé...

Les textes sont lus, anonymes.
Quelques élèves ont osé le commentaire.
"il est moche quand il dort..."
Une fillette proteste :
- Pétard c'est pas gentil !
Mais déjà un autre enchaîne :
"il est mignon..."
L'auteur et son regard subjectif sur le monde...

A la fin, je leur demande : quel titre donneriez-vous à vos textes ?
- Les dormeurs ! s'écrie l'un d'eux.
- Les rêves ! dit un autre.
Et puis un enfant conclut, ravi :
- La jolie façon qu'on dort!

mercredi 18 novembre 2009

Courrier du coeur


Hier, à l'école de Moingt.
Le jeu des comparaisons est lancé. "Une tête comme... ?"
- Une quille !
- Une pomme !
- Une tête comme ça !
- Une tête comme une pelote !
- Des jumelles !
- Un réglisse !
- Un volcan !
- Un soleil !
- Une tête froide !
- Le chiffre 17 !
- Une montgolfière !
- Un obélisque ! (Aïe, ça fait mal, les angles et les têtes au carré...)
- Une boîte aux lettres ! me lance soudain un élève avec passion.
Je souris, séduite par l'image.
Il n'a pas précisé si la boîte était pleine de mots d'amours ou de factures.
Ça tombe, bien, j'y retourne jeudi, il va falloir que j'éclaircisse la question.

jeudi 12 novembre 2009

le chemoingt rouge des mots bleus


Matin à Moingt.
D'abord, on déplace les tables, pour mieux mélanger les mots.
Ensuite, on lit les textes, pour mélanger les idées. Puis on discute, pour mélanger les avis. On réfléchit aux ingrédients du gâteau-histoire. Les enfants lâchent la rampe, limonadent. Pourquoi vouloir changer de tête? Et comment?
Surgissent du magma une machine à recycler la cervelle, une tête de linotte, une têtes à claques, une tête trop lourde, une tête de music-hall, un échange de têtes, Michael Jakson, une tête de roi passée à la guillotine, un poignard, des ciseaux, bref, mille et un casse-têtes...
Les enfants cherchent ce qui rend la tête lourde (euh, c'est peut-être l'écrivain... est-ce pour ça que certains veulent la couper ?) : trop de mots, trop de calcul, trop d'école, trop de bagarre, trop de migraine, trop de chagrin, trop de fatigue, trop d'ennui, trop d'imagination, trop de souvenirs, trop de secrets, trop de soucis, trop de cauchemars... Heureusement, pour l'alléger, il y a l'amour et les pensées rêveuses. Et pour l'alléger encore... je leur lis en fin de séance le poème de Robert Desnos Les quatre sans cou.


Après-midi au Chemin Rouge.
Au passage, je salue le renard qui danse sous le raisin, puis je vais attendre Catherine, l'enseignante des CE2-CM1. C'est encore l'heure de la cantine, mais il y a un comité d'accueil, je suis abordée par une petite grappe d'élèves : "Hééé, c'est vous Sigrid Baffert ?" "Voui" "Ben nous on est la classe que vous venez voir !" "Super, à tout de suite alors..."
Ici, les tables sont déjà disposées en groupes, compte tenu du double niveau.
Comme à Moingt, je débute par un petit moment d'échange et de présentation. Leurs questions sont extrêmement précises, pragmatiques, leur sens de l'observation surprenant. Rien n'échappe à leur regard de lynx, un mot qui les marque, les diverses techniques des illustrateurs, la précision des couleurs, la disposition et la taille des livres, le problème des traductions, le choix du titre, de la typographie, les grumeaux, les taches et les gribouillons sur mes brouillons hiéroglyphiques.
Puis nous entamons les premiers pas de l'album. Le moment "chaudron magique" où les imaginaires fusionnent pour accoucher de perles et nuages. Les ovnis surgissent vite, globule, tympan, aphte, conscience, cellules grises, métamorphose, une langue comme une carte géographique... Une chose est sûre, le plus difficile sera de se livrer à ce casse-tête inéluctable : choisir.

mercredi 11 novembre 2009

Armist...udieux

Laissez parler les p'tits papiers,
et la prose des p'tits moingtais...

mardi 10 novembre 2009

Une tête bien pleine


Première séance à l'école de Moingt

Bon alors, comme dirait Saint-Exupéry, ça, c'est la boîte (crânienne), il vous faudra imaginer les mots (moutons) à l'intérieur. Mais ça, chuut, c'est encore un secret.

Ce matin, après un petit temps d'échange, d'apprivoisement mutuel, d'interrogations (j'avais, comme à mon habitude, apporté quelques livres, manuscrits, brouillons et croquis d'illustrateurs de mes albums), le joyeux équipage de Bertrand, l'instituteur des CM1 lancés dans l'aventure du conte musical, a commencé à remplir LA tête, cette étrange boîte à mots.

Après les mots bleus, les mots jaunes.
Si le tableau noir était une coupe transversale de la "tête de classe" (entendez : "la tête de toute la classe", ce curieux golem tissé de 25 imaginaires), je peux vous dire que les idées ont fusé, il ne restait pas un centimètre carré qui ne soit couvert de craie jaune !
Nous voilà avec un gros sac joufflu d'idées, qu'il va falloir laisser infuser et décanter.

lundi 9 novembre 2009

Aiguilles et trotteuses

Ce midi, réunion préparatoire à l'inspection académique avec les différents acteurs des projets de la résidence, les enseignants Bertrand, Catherine et Hélène, et Sylviane, la conseillère pédagogique. Au menu, les derniers préparatifs techniques, et puis surtout, la fameuse partie (où il s'agit de ne pas se mettre les nerfs en pelote) : l'établissement du planning. Personne n'a perdu le fil, il a suffit de quelques coups d'aiguilles pour tricoter un bon Jaquard pour chacun. A raison de deux demi-journées par semaine, le rythme est très confortable, j'ai le temps et l'espace m'adonner avec sérénité à l'écriture de mon roman... l'un des objectifs fondamentaux de la résidence.

Ma maison à Montbrison

J'avais promis aux copains d'envoyer une photo de mon home montbrisonnais, alors voilà, c'est fait. Je suis au deuxième étage. Oui, c'est une magnifique résidence Légo dans le quartier de Beauregard, et je peux vous dire que si tous les appartements étaient meublés avec autant de chaleur humaine, on n'aurait plus de problème d'énergie. Sur ce cliché, on ne distingue pas tous les détails, mais il y a le buffet et la vaisselle de la super équipe du lycée de Beauregard, le clic-clac de Claudine (tiens, ça mérite une comptine...), le linge de maison et le lecteur CD-radio de Danièle, les chaises et la petite table ronde de Marie-Claire, la télé de Pascal, le fauteuil bleu d'Hélène, le faitout d'Evelyne, la confiture de... bref, j'en oublie sûrement, je suis un auteur aux petits oignons. Ne reste plus qu'à faire mijoter la marmite des mots !

jeudi 5 novembre 2009

Quand faut y aller, faut y aller...

Bon, la valise est ficelée, dans quelques heures, après une courte étape à Lyon, je migre dans la Loire pour entamer la première période de résidence à Montbrison. La semaine prochaine s'ouvre sur une réunion de mise en place du planning avec les enseignants et intervenants, et puis l'aventure "changer de tête, pile ou farce ?" débute.
Mardi, premier contact avec les enfants, premiers mots échangés, premier chaudron d'idées frémissantes pour le conte musical...